1/ Bonjour BÉRENGERE. Merci d’avoir accepté mon invitation. ON PARLE DE VOUS dans le monde du cancer du sein. Comment se traduit une telle implication de votre part ?
Comme pour beaucoup de femmes, je suis affolée par le nombre de femmes atteintes d’un cancer du sein, une femme sur 8 en France. Des raisons personnelles que j’ai relatées dans mon blog, ont fait que je me suis orientée il y a 30 ans en m’installant vers ces médecines naturelles que sont la phytothérapie, l’homéopathie, la nutrithérapie etc…. J’ai ainsi développé une prise en charge plus globale et naturelle de mes patientes et j’ai régulièrement écrit sur ce sujet, lançant parfois des alertes sur tel ou tel sujet. Ce regard et les propositions thérapeutiques complémentaires à la prise en charge des thérapeutiques lourdes du cancer sont la résultante du travail, de l’expérience de nombreux médecins qui fonctionnent en réseau, via internet, et qui partagent leur vécu.
Je me suis régulièrement formée, notamment en gynécologie psychosomatique et en sophrologie.
J’ai eu le bonheur pendant 15 ans de remonter et développer le diplôme universitaire de phytothérapie à la faculté de médecine Paris 13. Cette fonction que m’a confiée le Pr Pierre Cornillot, doyen fondateur de la faculté de Bobigny, m’a permis de côtoyer de grands noms de la médecine naturelle, de m’appuyer sur eux pour solidifier et proposer un enseignement sérieux, innovant et pratique à de très nombreux médecins, pharmaciens, thérapeutes…. Certaines années, il y avait plus de 150 étudiants.
2/ Vous avez participé à l’avènement de La Maison Rose à Bordeaux, de l’association Au sein des femmes, etc. Selon vous, de quoi les femmes atteintes du cancer du sein ont-elles besoin en priorité aujourd’hui ?
J’ai créé en 2007 Au sein des femmes France, avec des patientes atteintes de cancer du sein. J’avais fondé l’Association Médicale pour la Promotion de la Phytothérapie en 1999, ce qui m’avait permis de rencontrer Mme Atsuko Morita, directrice de l’École du Bois à Tokyo et de créer un partenariat entre celle-ci et l’AMPP.
En 2008, elle a créé Au sein des femmes Japon dont je suis la présidente d’honneur. Puis un médecin belge homéopathe le Dr Odile Corman fonde en 2009 Au sein des femmes Belgique. Après cela, ce fut Au sein des femmes Antilles Guyane, puis une antenne Au sein des femmes Tours.
Actuellement Au sein des femmes France est jumelée avec deux associations au Maroc, une en Tunisie, une en Algérie et la toute dernière au Sénégal. Notre activité principale pour ces jumelages est en plus de l’information spécifique d’apporter, de faire apporter ou d’envoyer des prothèses mammaires externes et des perruques à l’attention des femmes démunies atteintes par le cancer. J’ai dans ma cave, 200kg de prothèses mammaires à confier à des voyageurs ou voyageuses vers ces pays.
J’ai accepté avec joie de faire partie du comité de soutien de la Maison Rose. Je rends hommage aux fondatrices de Rose Magazine, Céline Lys-Raoux et Céline Dupré, à une de leurs collaboratrices journalistes Céline Dufranc qui est une amie chère à mon cœur. L’idée leur est venue de créer la Maison Rose. Une idée de génie qui a su fédérer un engagement bénévole au-delà de toute attente. Et c’est un engagement qui dure et se renouvelle grâce aussi à l’implication de la Fondation l’Oréal. Jenna Boitard, Bettina, et toutes leurs collaboratrices ont accueilli 7 000 femmes en un an avec tellement de gentillesse, d’humanité et de douceur.
J’assure une consultation anti-tabac (acupuncture méthode Chiapi, phyto et aromathérapie, homéopathie). Le tabac est un des pires fléaux pour la santé. Et comme il est difficile de s’en sevrer lorsqu’il faut mobiliser toutes ses forces pour combattre le cancer.
Je donne des conférences sur l’accompagnement des thérapeutiques lourdes du cancer du sein. J’ai l’habitude de parler en public. Mais comme c’est douloureux, difficile et aussi… merveilleux de parler devant des femmes toutes concernées par ce fléau.
Je finis par répondre à votre question. De quoi ont besoin ces femmes ?
Bien sûr de bénéficier de traitements adaptés mis en place par les cancérologues. Et aussi d’une écoute attentive. D’un respect de leur détresse. De chaleur humaine à tout moment. Parfois d’un silence fort d’intensité. De rire entre elles de leurs malheurs. Qui peut comprendre leurs difficultés si ce n’est une femme vivant le même combat. Des amitiés solides se nouent. Des rencontres éphémères se font et servent à pouvoir avancer un pied après l’autre. Tout trouve sens.
En dernier lieu, de trouver ou retrouver leur verticalité face au monde médical.
3/ Vous accompagnez les femmes au cours de leur traitement autour du cancer du sein. Comment les aidez-vous ?
Il faut leur demander. Je ne pense pas faire mieux ou moins bien que d’autres. Ce que je sais, c’est qu’une fois l’ordinateur éteint et la porte de mon bureau fermée, je continue à penser à elles.
4/ Vous êtes gynécologue, naturopathe, homéopathe, vous vous y connaissez en plantes… Quels sont les conseils génériques que vous donnez à toutes les femmes atteintes d’un cancer du sein pour soulager les traitements ? (ex : desmodium pour chimio)
Je suis gynécologue-obstétricien, phytothérapeute et je prescris de l’homéopathie, de la nutrithérapie… Je suis très intéressée par la nutrition. Ma formation me permettra à la retraite, de recevoir en psychothérapie.
Je ne souhaite pas donner ces conseils dans le cadre de votre blog. Ce serait trop réducteur. Chaque femme est unique. J’invite chacune à lire le dernier ouvrage des Dr Eric Menat et Alain Dumas sur l’accompagnement du cancer : Cancer, un accompagnement qui change tout.
5/ Vous avez coécrit le guide “Le cancer du sein, prévention, accompagnement par les médecines complémentaires“. Qu’est-ce que les lectrices pourront y trouver ?
Dans la première partie, des éléments d’information et de prévention.
Dans la seconde, des protocoles d’accompagnement des thérapeutiques lourdes du cancer avec des ordonnances-types ; les moyens aussi de traiter les autres pathologies gynécologiques après cancer du sein.
6/ Vous avez également coécrit le livre “Comment enrayer l’épidémie des cancers du sein et des récidives” avec le Dr. Joyeux. Ce fut un grand honneur pour moi d’écrire cet ouvrage avec le Pr Henri Joyeux. Nous avons reçu pour cet ouvrage le prix 2009 du livre de la Prévention, par l’Association Nationale pour la Prévention Médicale présidée par le Pr Maurice Cloarec Vous y parlez beaucoup de l’incidence de la prise d’hormones sur le développement des cancers du sein. C’est, selon vous, le premier facteur de risques ?
Non, c’est un des facteurs de risques, pas le premier. La prise thérapeutique ou à visée contraceptive d’hormones de synthèse s’additionne à l’imprégnation croissante de pollution de l’organisme par des molécules industrielles ayant un effet hormonal œstrogénique responsable de l’augmentation de cancers hormono-dépendants dont celui du sein.
7/ Que pourriez-vous conseiller aux femmes malades qui souhaitent utiliser les médecines alternatives pour les accompagner pendant de leur traitement contre le cancer ?
De ne pas considérer ces médecines comme alternatives du tout, elles se mettraient en danger et de trouver des médecins pour les accompagner avec ces thérapeutiques, en complément de la chimiothérapie, de la radiothérapie, de l’anti-hormonothérapie, de l’immunothérapie … tout au long de ce difficile chemin vers la guérison
8/ Vous rencontrez tous les jours des femmes qui viennent d’apprendre qu’elles ont un cancer. Pour celles qui NE SONT PAS SUIVIES par vous, qu’aimeriez-vous leur dire ?
Qu’il y a plein d’autres médecins susceptibles de les aider mieux que moi, qu’un certain nombre d’ouvrages sont disponibles qui peuvent leur être d’une grande aide.
Merci infiniment à vous, Bérangère, d’avoir pris de votre précieux temps pour répondre à cette interview !