Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir d’accueillir Marie Chantal dont le témoignage est un peu particulier 🙂 En effet, elle s’est soignée d’un cancer du sein triple négatif en choisissant une AUTRE VOIE ! PASSIONNANT !!!
Bonjour Marie Chantal. Je suis ravie de t’interviewer aujourd’hui pour mon blog Les Cahiers de Carcinome. Merci à toi de te prêter au jeu des questions-réponses pour nos lectrices et lecteurs !
- Bonjour Marie Chantal. Tu as eu un cancer du sein en avril 2015, à priori un carcinome triple négatif. Quel âge avais-tu et comment as-tu vécu l’annonce du diagnostic ?
J’avais 62 ans. Je n’ai pas « vécu l’annonce du diagnostic » à proprement parlé : Il a 5 ans on m’a diagnostiqué une hypothyroïdie qui s’est révélée 2 ans plus tard, être une « Hashimoto ». N’ayant pas beaucoup de réponses de la part de mon médecin traitant ni de l’endocrinologue par les mains de laquelle je suis passée (si ce n’est prendre à vie du Lévotirox, ce que je refusais absolument), j’ai tourné mes recherches sur les sites et blogs canadiens surtout et belges aussi (chez eux, pas autant de labo incontournables et omnipuissants !) qui m’ont appris un tas de choses très intéressantes sur cette maladie et sur son lien possible avec certains cancers, celui du sein en particulier. Bizarrement, j’ai laissé ce lien de côté et me suis focalisée sur cette maladie de Hashimoto.
De 2013 à 2015, je suis suivie par un homéopathe-acupuncteur. En Janvier 2015, pour me désintoxiquer du gluten, je démarre un régime « cru », je perds 12 kg en 3 mois que je mets sur le compte de ce nouveau régime. La veille de Pâques 2015, je me masse et tombe sur une jolie boule sur mon sein droit. L’évidence du lien entre les deux maladies me revient en pleine figure et je me souviens d’avoir penser : « Et m… ! je comprends enfin cette hypothyroïdie (mes anticorps sont bien redescendus et ma TSH va vers la normalité (française)) et mon sein droit me dit que j’ai loupé quelque chose et que rien est fini, au contraire ! » Après les fêtes, je suis donc allée à ma 1ère consultation en expliquant que j’étais là car j’avais un cancer du sein droit. On m’a répondu un peu fraîchement que le diagnostic n’étant pas fait, je ne pouvais pas dire cela. Si bien que, un peu plus tard, l’annonce n’a eu aucun impact sur moi. Cela faisait 3 semaines que je l’avais compris et que je cherchais déjà des outils pour faire face à cette nouvelle turbulence que mon corps abritait et le pourquoi j’en étais finalement arrivée là.
- Quels sont les traitements allopathiques qui t’ont été proposés pour soigner ce cancer du sein ? As-tu accepté ?
Juste après le diagnostic, il m’a été proposé une 1ère chimio pour « stopper » la rapidité avec laquelle cette tumeur grossissait alors même que ce type de cancer était résistant à la chimiothérapie. L’ablation devrait se pratiquer très rapidement dans un 2ème temps, suivie de 6 séances de chimio et de 35 séances de radiothérapie.
Le chirurgien qui m’a prit en charge, devant mon refus concernant la 1ère chimio, a eu l’honnêteté de me dire qu’il n’avait que « ça » à me proposer car il fallait faire vite, que ce cancer était trop agressif…etc.
C’était quelqu’un de vraiment bien ce jeune chirurgien, à l’écoute, répondant franchement à mes nombreuses questions. Je lui ai expliqué que ce cancer, c’était moi qui l’avait fabriqué, que la tumeur n’avait pas tant grossi qu’il le disait mais que la biopsie (ratée) me faisait un bel œdème de 8 cm, que perdre un sein c’était pas tout à fait aussi simple que de jeter un kleenex à la poubelle, que j’avais besoin de temps et que mon temps à moi n’était pas celui de la médecine, que je savais ce qu’il se passait dans mon corps, que je n’avais pas encore l’intention de mourir et qu’il fallait qu’il me fasse confiance.
Pour lui, c’était un peu le monde à l’envers mais il a accepté d’aller un peu plus à mon rythme. A ce moment-là je n’avais rien décidé de ce que j’allais choisir : ablation, pas ablation, chimio, pas chimio, radiothérapie ou pas…
- Raconte-nous ton parcours personnel. Comment as-tu décidé de soigner cette maladie ?
Après des maladies enfantines et de jeunesse un peu lourdes et en tout cas lourdement traitées par les doses (massives) d’antibiotique et de cortisone de l’époque, j’avais fait un refus de toutes médecine allopathique. Ce cancer me menait pour la 1ère fois, à 62 ans, dans un hôpital. Sans l’avoir vraiment décidé et au fur et à mesure des examens, je sentais monter un « non », d’abord timide puis de plus en plus assuré. J’étais loin de ressentir cette assurance, mais cela se faisait presque à mon insu, comme une urgence qui me soufflait de sauver ma peau.
Entre la mammographie/l’échographie et l’IRM, je suis allée voir un guérisseur près de chez moi qui a découvert une deuxième grosseur au centre du sein qui fut vérifiée par l’IRM quelques jours plus tard. Bizarrement, une fois l’ablation faite, cette 2ème tumeur avait disparu (étonnement et perplexité du chirurgien) et la première tumeur avait très peu évolué par rapport au début.
Je ne raconterai pas l’entrevue avec une oncologue très peu compréhensive et ébranlée par mon choix. C’est en effet dans son bureau, que, devant son comportement sur la défensive et ses paroles peu aimables, je choisis de ne faire ni la chimiothérapie ni la radiothérapie.
Je devais rester 6 jours à l’hôpital. J ‘y suis entrée en ayant commencé un jeûne deux jours avant et j’ai jeûné tout le temps de mon hospitalisation. Ce jeûne a mis en émoi l’équipe qui m’avait en charge, chirurgien compris. Je les ai perturbés même s’ils ont reconnu un endormissement et un réveil tranquilles, un sommeil sans problème et surtout aucune prise de morphine, juste de la glace. Je suis sortie un jour plus tôt en les remerciant de leur gentillesse et de leur compréhension.
- Qu’est-ce qui, selon toi, a pu déclencher le cancer ?
Alors ça c’est la grande question à laquelle je n’ai pas encore fini de répondre ! Deux ans avant, plusieurs gros soucis se sont concentrés sur une très courte période que j’ai traversée en apnée, en parant au plus urgent et sans me soucier de mon ressenti. En amont, les maladies de l’enfance et de jeunesse dont j’ai parlé avec les prises massives d’antibiotiques et de cortisone : un terrain infectieux et inflammatoire sur de longues années.
Après, je ne sais pas : Tchernobyl en ce qui concerne ma thyroïde, ça c’est pas un scoop, mais c’est bien de le dire et de le redire. Le stress comme tout le monde : avoir des enfants tout en travaillant, assumer des engagements associatifs et vouloir tout faire parfaitement….Une grand mère maternelle morte d’un cancer du sein…un tas de pistes et pas une seule réponse encore, bien claire qui m’éviterait un 2ème cancer par exemple.
- Comment as-tu vécu la maladie ? Qu’est-ce qui t’a aidé à la traverser ?
Avec du recul, J’ai vécu cette maladie comme quelque chose d’irréel : tout s’est fait si rapidement : Les émotions, les réflexions, les décisions et les actions se sont enchaînées d’une façon presque fluide. Pourtant, il y a eu des larmes et des fou-rires, des moments d’angoisse partagés, des mises au point très fermes aussi ; bref de la vie plus dense que d’habitude !
Ce qui m’a aidée à traverser tout cela : je dirai la confiance de mes proches (même si j’entendais ce qu’ils se disaient dans leur tête), une équipe médicale qui m’a respectée même si je l’ai un peu bousculée, mon équipe de personnes-ressource qui ont chaque fois répondu présent, les amis bien sûr et surtout une confiance en moi jamais aussi forte qu’à ce moment-là qui m’a permis de faire tous ces kilomètres entre avril et juin (l’hôpital est à 80 km aller/retour, c’est la dure réalité des territoires ruraux !) et d’assumer presque sereinement mes différents choix.
- Comment as-tu fait pour mettre en place ce protocole naturel ? Tu t’intéressais déjà aux médecines alternatives avant le cancer ?
Bien sûr, comme je l’ai évoqué rapidement plus haut, j’ai abandonné assez rapidement la médecine allopathique sauf quand il s’agissait d’une de mes grosses angines voire phlegmons dont j’avais le secret, et là c’était les antibios à forte dose, jusqu’à ce que je comprenne ce qui les déclenchait et que je supprime les causes. Je me suis intéressée de plus en plus à la naturopathie, à la prévention, à la diététique autant pour moi-même que pour mes enfants (pas de vaccinations).
Hashimoto puis ce cancer du sein m’ont amenée à d’autres recherches (merci internet), d’autres recoupements, d’autres tâtonnements dans mes « protocoles » personnels.
A ma sortie de l’hôpital, j’avais un rendez-vous chez un médecin homéopathe qui me suit toujours aujourd’hui. Un peu plus tard, j’ai été chez un ami magnétiseur, je suis suivie par une somatopathe qui travaille autant au niveau physique que sur le plan psychosomatique. Je suis allée faire une séance d’hypnose pour travailler directement sur mes cellules. De temps en temps un nettoyage total du colon. Un régime alimentaire qui exclut le gluten, tout lactose et qui essaie d’appliquer le « sans sucre » (carburant préféré des cellules cancéreuses) mais là, c’est pas encore gagné !
En quelques mois s’est construit autour de moi un groupe de personnes « soignantes et aidantes » qui ont tissé une sorte d’enveloppe, de bulle de soins qui peu à peu me reconstruisait et redonnait à mon corps « différent » une intégrité dans cette différence. Je les ai appelées mes « personnes ressource ».
- Comment as-tu fais ces choix de te soigner ton cancer autrement ? Tu avais déjà pris ta décision dès le départ ou as-tu longuement hésité ?
Tout a été tellement rapide ! Je pense que c’est dans le bureau de cette oncologue que le choix s’est imposé, de fait. Je voulais qu’elle réponde à ma question : « Quel taux de survie à long terme m’apportent la chimiothérapie et la radiothérapie ? » Mais ce soir-là, son ordinateur était capricieux, elle n’avait plus le code du site où se trouvait le calcul à faire pour me répondre, elle n’était pas très douée en informatique….etc.
J’oscillais entre le fou-rire, la pitié et un début d’énervement et à ce moment-là, tout a été clair : j’acceptais l’ablation et c’était tout ! Et comme elle me lançait que quand je reviendrai lors d’une récidive, elle ne pourrait plus me guérir. Je l’ai quittée en lui demandant si aujourd’hui elle pouvait me guérir ? Elle ne m’a pas répondu. Je l’ai remercié et ne l’ai plus revue.
- Est-ce que tu as mis en place des choses particulières dans ta vie (hygiène de vie, rythme, spiritualité…) pour éviter les récidives ?
Oui. Un régime alimentaire qui puisse me permettre de vivre en société sans faire trop de dégâts dans mon corps, des balades souvent en solitaire pour me retrouver, me poser (c’est drôle, c’est en marchant que je m’autorise à me poser), méditer ou chanter (important de chanter, surtout en automne au moment de la chasse!). Toute seule on est plus attentive et réceptive à tout ce qui nous entoure : la forêt, les changements de couleurs, les oiseaux, les gens rencontrés, les fruits ramassés… Mais je ne refuse pas non plus une occasion d’aller randonner avec des amis.
Je suis à la retraite depuis 9 ans mais n’avais pas encore pris le temps de souffler (le chantier de la maison, les associations, mon travail d’élue à différents niveaux, ma dernière fille pas encore autonome…) Peu de temps pour moi en fait. J’ai fait du tri et du vide, mais pas assez ! J’ai repris la lecture, fait un voyage (premières vacances depuis 5 ans). En 2017 : reprendre mes pinceaux et mes toiles, c’est une de mes résolutions.
- Qu’est-ce que le cancer a changé dans ta vie ? Il y a un AVANT et un APRES ?
Le cancer m’a appris que je n’étais pas immortelle et ça je l’oubliais souvent, il m’a appris aussi à ne plus avoir peur de la mort. Je me suis retrouvée face à lui avec des ressources incroyables pour le combattre, les mêmes ressources que lors de mes accouchements à la maison quand la vie et la mort se frôlent. Bien sûr, il y la cicatrice et cette asymétrie au niveau de ma poitrine. Une retenue pour dire « oui » à une possible rencontre amoureuse…. Il m’a appris aussi à vivre l’instant présent. C’est vraiment le plus difficile pour moi. Dans quelques années, je voudrais pouvoir dire que mon cancer m’a sauvé la vie.
- Qu’aimerais-tu dire aux femmes et aux hommes qui apprennent qu’ils sont atteints du cancer ?
Plusieurs connaissances ou inconnus m’ont contactée par rapport à mes choix. Je les ai rencontrés, leur ai prêté ou conseillé deux trois ouvrages qui m’ont accompagnée ( « Renaître » de Guy Corneau, « Le jeûne, une thérapie ? », « La guérison, une traversée » du docteur Philippe Dransart (le même qui m’a pris en charge à ma sortie d’hôpital et qui me suit toujours)). J’ai partagé avec eux mon expérience, mes trucs, mes recettes, les contacts des personnes-ressource qui m’ont entourée, présences plus discrètes aujourd’hui mais jamais bien loin…
Je leur ai dit surtout que chaque cheminement pour comprendre le pourquoi et le comment de cette maladie et pour en guérir appartenait à celui ou à celle qui abritait cette maladie. Je ne suis pas un exemple, juste un témoignage : Écouter son propre corps et non la trouille que nous flanque le cancer, écouter les informations du corps médical sans sombrer dans la spirale de la peur et la soumission totale à leurs arguments.
C’est juste ne pas être un énième cancéreux ou cancéreuse, mais une personne assumant ce qui lui arrive et acteur de sa guérison quelque soit le protocole choisi. Si on décide que la chimiothérapie va nous guérir, il faut y aller en y croyant à fond pour mettre toutes les chances de s’en sortir. Si l’on pense qu’elle va nous démolir, faut choisir d’autres voies qui nous correspondent mieux. Ne jamais douter. Et demander à l’entourage médical et familial de nous faire confiance, d’être présent, positif et attentif.
Aujourd’hui, je dis qu’en avril 2015, j’ai eu un très gros rhume ! Il y a plein de gens autour de moi qui m’ont dit qu’ils ne s’en était même pas rendu compte.
NOTE DU BLOG, ATTENTION : Les docteurs ont dit à Marie Chantal que son type de tumeur, un carcinome lobulaire infiltrant triple négatif n’était pas chimio-sensibles. Pour ma part, j’ai eu un carcinome canalaire infiltrant triple négatif et on m’a dit que ce type-là était au contraire chimio-sensible.
Je ne suis pas en mesure de vous dire si il y a erreur quelque part ou si les carcinomes lobulaires et canalaires réagissent différemment à la chimio. On m’avait dit pour ma part que les triple négatif étaient chimio-sensibles… Je n’ai pas la réponse….
PS : Mise à jour du 25/09/2022 -> Je vous propose de continuer l’aventure avec moi en découvrant mon nouveau blog Activateur de Guérison mis en ligne récemment. Il est en cours de développement et c’est le blog que j’aurais aimé trouver lorsque je suis tombée malade en 2016. Je vous invite à le découvrir ici !
Merci à toi !
Un grand merci pour tous les lecteurs 🙂
Me revoilà, avec l’adresse du fichier pdf (si ça ne marche pas je te le mailerai)
https://www.google.fr/url?sa=t&source=web&rct=j&url=http://www.cngof.fr/journees-nationales/telechargement-fichier%3Fpath%3DMAJ%252Ben%252BGO%25252F2012%25252F2012_GM%25252Fpathologies_mammaires_et_cancer_du_sein%25252FTumeurs_triple_negatives_du_sein_facteurs_pronostiques_et_predictifs.pdf&ved=0ahUKEwjbvImt9OPWAhXDHxoKHUKSC5oQFgg3MAM&usg=AOvVaw3d2UgNqs7xCLBZdUCssksy
À bientôt 🙂
Hélo Mélanie 🙂
Alors j’en ai lu plusieurs (pendant ma chimio de ce matin) un peu dans les vapes il y a celui ci qui le mentionne
https://curie.fr/actualite/octobre-rose/cancers-du-sein-triple-negatifs-repousser-les-frontieres-de-la-lutte
Et j’avais trouvé une étude en pdf que je reviens te partager dès que je la retrouve. À plus tard 🙂
Bonjour Estelle, merci pour cette explication. Auriez-vous les références de cet article par hasard ?
Coucou Mélanie 🙂
En fait en relisant des articles médicaux ce matin j’ai vu qu’environ 50% des triple négatifs sont chimio-sensibles et que l’autre moitié développe une résistance (sais plus si c’est en raison du phénotype basal ou d’un récepteur mais c’est la moyenne).